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C3 – La méthode MARP

Contenu de l'article

Il est conseillé de consulter au préalable la fiche C1 « Principes généraux et principales méthodes de sensibilisation à l’hygiène et à la santé ».

1) De quoi s’agit-il ?

La méthode MARP (Méthode Accélérée de Recherche Participative) est l’une des principales méthodes dont les principes généraux ont été exposés dans la fiche C1. C’est un processus d’apprentissage basé sur une bonne connaissance du milieu rural. Elle associe et implique les populations locales à la recherche de meilleures pratiques durables d’hygiène et de santé.

2) Qui utilise surtout ce moyen et depuis quand ?

Ce moyen est utilisé depuis les années 70, sous l’impulsion notamment du PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement).

3) Pourquoi ?

Fournir un accès à l’eau ou à l’assainissement ne suffit pas si la population ne possède pas un minimum de notions d’hygiène et ne s’approprie pas les solutions trouvées pour y parvenir.
Il convient donc d’éveiller, d’éduquer et de responsabiliser les populations concernées aux enjeux relatifs à une gestion saine et durable des problèmes d’hygiène et de santé relatifs à l’eau ou à l’assainissement.

4) Qui est surtout concerné ? Lieux ou contextes dans lesquels ce moyen parait le mieux adapté

En premier lieu toutes les populations qui n’ont pas un accès satisfaisant à l’eau et à l’assainissement, sans exclure pour autant tous ceux qui l’ont déjà.

A l’origine les programmes tels PHAST ont été créés pour aider des groupes communautaires (villages ruraux, petites villes, …), car il est plus facile d’impliquer un nombre de personnes limitées et membres d’un même groupe ou communauté. Cependant des campagnes de sensibilisation et d’éducation peuvent également être mises en place à plus grande échelle, comme c’est le cas au niveau de l’Etat du Mali par exemple.


Méthodes de communication - Source Wash

5) En quoi consiste ce procédé ? Comment est-il mis en oeuvre ?

Cette méthode invite la population à analyser sa propre situation et à planifier des activités pour l’améliorer. La méthode MARP est plus une manière d’approcher les problèmes qu’une méthodologie précise. Elle se base sur trois « piliers » :

1. le comportement et l’attitude des personnes extérieures, qui jouent le rôle de facilitateur et ne doivent pas imposer un point de vue ou une idée ;

2. les méthodes, qui sont ouvertes, orientées vers le groupe, visuelles et comparatives ;

3. le partage de savoirs et de savoir-faire, de repas, d’expériences, etc. entre les intervenants extérieurs et les populations locales.

En ce qui concerne les outils employés, il y a deux aspects principaux :

1. « Passer la main » : au lieu que ce soit une personne extérieure qui s’efforce de comprendre les connaissances des gens, ce sont ces derniers qui sont encouragés à développer leurs capacités souvent méconnues. Ils recueillent et analysent les données avec l’aide de faciliteurs et proposent des actions à entreprendre.

2. « Visualiser et partager » : les gens transmettent leurs idées et leurs connaissances de manière visuelle. Dans une communication verbale, la personne extérieure a tendance à dominer le dialogue (par un regard, des recoupements, etc.) plus facilement que dans la communication par des aides visuelles. Quand par exemple une carte est tracée avec un bâton sur le sol, tous peuvent y contribuer, et les gens se sentent plus sûrs d’eux que devant une carte tracée par la personne exté¬rieure sur un morceau de papier avec un stylo, symbole du pouvoir de la personne extérieure. Le partage, cela implique aussi explicitement le partage de la nourriture et du logement pendant la MARP.


Séance de sensibilisation à l’hygiène au Tigray 
en Ethiopie. Photo Caritas Ethiopie

Voici quelques outils permettant d’illustrer ces aspects :

- la cartographie participative : un groupe de villageois fait une carte de la communauté. La manière dont ils la font et ce qu’ils trouvent important fournissent de bons points de départ de discussion sur les aspects cruciaux de la vie du village ;

- les missions villageoises : l’équipe se promène avec un (petit) groupe de villageois dans le village (ou une autre région pertinente) et discute les choses observées ;

- le classement : il est demandé aux gens de comparer des unités (par exemple familles /arbres /récoltes) et de les grouper selon leurs propres critères. Par exemple, en comparant deux à deux l’importance de certains arbres, les gens découvrent les critères qu’ils utilisent pour évaluer l’utilité de ceux-ci. Le classement est aussi employé pour stratifier la population locale, par exemple classement par richesse. Les résultats du classement et les critères utilisés fournissent des points de départ de discussion.

- les rappels historiques : l’histoire des familles est évoquée et les événements principaux sont utilisés comme points de référence dans l’analyse de la situation actuelle ;

- les calendriers : les gens indiquent les choses qui changent dans le temps, par exemple le mois où ils doivent emprunter de l’argent ou en recevoir, les époques où leurs enfants ont été atteints de paludisme ou de diarrhée, celles où les pluies sont normalement attendues, etc.


Illustrations pour analyser les pratiques des populations locales – ONG WASH 

La combinaison des informations obtenues à l’aide de tous les outils fournit aux villageois une image explicite de leur vie quotidienne. Non seulement, cette méthode les aide à commencer une discussion sur leurs problèmes principaux et sur la façon d’y remédier, mais le fait d’être capables de faire eux-mêmes cette analyse leur donne aussi plus de confiance en eux.

6) Difficultés particulières et précautions éventuelles à prendre

- Le temps initialement dépensé par communauté est généralement de 3 à 7 jours. Pour la suite, il faut beaucoup plus de temps. Si on envisage sérieusement qu’une communauté entreprenne des actions basées sur la MARP, il faudrait être disponible pour au moins une ou plusieurs années afin de faciliter les changements désirés, si la communauté le demande.

- Une MARP doit être effectuée par un personnel expérimenté. Les facilitateurs doivent être très bien formés. Comme une MARP nécessite un changement d’attitude de la part de la plupart des animateurs ou du personnel de terrain analogue, une courte période de formation d’une semaine n’est pas suffisante.

7) Principaux avantages et inconvénients

a) Avantages

1. les gens font eux-mêmes l’analyse de leur situation et planifient pour l’avenir. Leurs propres valeurs, leurs propres besoins et leurs priorités propres en sont le point de départ. Grâce à une meilleure compréhension de la situation les plans sont plus réalistes et les gens se sentent beaucoup plus impliqués dans les activités planifiées.
2. Les nombreuses façons différentes de voir la réalité quotidienne et la visualisation offrent de bonnes opportunités d’aller au-delà des points de vue les plus évidents et prédominants de la communauté.
3. La méthodologie est susceptible de modification.Tout le monde peut développer de nouveaux outils et de nouvelles manières d’organiser les choses. La MARP peut donc s’appliquer à une très vaste gamme de situations. En effet, elle a été utilisée dans des régions urbaines et rurales, dans des pays en développement et des pays industrialisés, dans l’agriculture, dans la santé et dans des programmes sociaux. 
4. Cette méthode ne requiert pas beaucoup d’argent ni beaucoup de matériel.

b) Inconvénients


Affiche de sensibilisation à Madagascar

1. Il y a une difficulté pour définir ce qu’est exactement une MARP et comment il faut la mettre en œuvre. Le débat sur ce sujet est vif et n’est pas encore résolu. Les scientifiques sociaux qui ont mis au point cette méthode sont invariablement déçus quand ils voient comment les MARP sont appliquées par d’autres. 
2. Il faut mentionner les « mauvaises pratiques » suivantes :
- les MARP sont réalisées machinalement, les outils sont employés, mais le personnel et les organisations impliquées n’ont pas changé leur attitude ;
- les aspects techniques des problèmes sont considérés comme cruciaux au détriment des aspects socio-politiques ;
- la diversité locale est ignorée, aussi bien dans les aspects techniques (par exemple, unités de sol) que dans les aspects sociaux (par exemple, les différents intérêts des différents groupes sociaux dans le village tendent à être minimisés dans le processus) ;
- un aspect spécifique trop souvent négligé dans le point précédent est le genre ;
- les connaissances locales sont souvent inventoriées mais ne sont pas réellement employées ;
- il n’y a guère de relation entre la MARP et ce qui est fait par la suite ;
- pendant la MARP, l’équipe est dominée par des experts extérieurs qui laissent au personnel (local) du projet un rapport plein de bonnes intentions mais ayant peu de sens pratique.

8) Coût

Les coûts peuvent varier fortement selon les pays et les situations mais on peut retenir l’ordre de grandeur de 1€ pour deux habitants. Ce coût peut devenir plus supportable si l’on obtient des subventions ou si l’on peut retirer des revenus des mesures mises en place.
Il est également important de bien faire attention dans l’élaboration des budgets aux taux d’inflations qui peuvent être très élevés dans certains pays en développement.

9) Observations, recommandations et suggestions éventuelles

Ces méthodes ne sont bien évidemment pas des recettes miracles et elles ne sont bien souvent que des outils participant d’une approche plus globale. Il est notamment essentiel avant de commencer un projet de faire effectuer trois enquêtes par des spécialistes :
- Une enquête sur la situation existante : sanitaire, technique, économique (exiger ensuite une participation à la mesure des moyens) et politique (connaître les forces en présence au niveau local, notamment à la mairie).
- Une enquête sur les connaissances de la population, sur son niveau d’éducation.
- Une enquête de type ethnosociologique sur les pratiques, les habitudes et les comportements de la population.

Il faut savoir montrer ses réussites et inviter les personnes influentes à venir voir les lieux où les projets ont réussi.


Séance de formation et d’échanges au Niger . Photo PNUD

10) Exemple de réalisation

L’association AQUADEV a utilisé des outils MARP entre avril et octobre 1998 au Sénégal dans la région de Louga auprès de 30 villages du département de Louga et 3 quartiers urbains de Louga et Dahra (département de Linguère).

En voici deux exemples, l’interview et la carte sociale.

- L’interview est un outil MARP important qui permet d’obtenir de nombreuses informations sur la population lorsqu’il est bien mené. Ces informations (ethnies, conflits éventuels, usages, croyances, expériences locales sanitaire, etc…) seront précieuses au moment d’élaborer les solutions de développement.


Carte sociale réalisée par les habitants de Tare - Source : PNUD 

- La carte sociale donne une vue aérienne du territoire et permet d’apprécier l’occupation du terroir et sa représentation par les villageois. Elle permet en outre d’obtenir d’importantes informations sur la population du village (répartition ethnique, nombre de concessions, etc…).

11) Où s’adresser pour trouver davantage d’informations - Bibliographie ?

a) Sites Internet

- FAO : méthode MARP et méthode MARP-Approfondissement

- Un document très complet sur les exemples concrets d’utilisation d’une MARP (exemples cartographies, de matrices, etc… ) au Cameroun.

- ENDA Tiers monde : Note sur les principales méthodes de gestion concernant la gestion participative et l’approche communautaire des projets

- Croix rouge française
Sensibilisation, information et éducation des publics aux problèmes de l’eau : Guide des méthodes

b) Bibliographie

- UNICEF Handbook on Water Quality New York, 2008
En anglais Livret sur la Qualité de l’eau et la promotion de l’HYGIENE (pages 76 à 84) WQ Handbook final signed 16 April 2008.

- Un manuel très complet sur les MARP : Pretty, J.N, I. Gruijt, J. Thompson & I. Scoones. (1995). Participatory Learning and Action. A Trainer’s Guide. IIED, Londres, Royaume-Uni.


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