Des solutions simples et économiques pour 2,5 milliards de personnes n’ayant pas d’eau potable

icone Nous soutenir icone Connexion

en es

Identification

Ouvrez un compte gratuit

Et profiter de tous les services en ligne de WikiWater pour tous les porteurs de projets
J'ouvre un compte
Wikiwater
Bouton menu

en | es

C1 – Principes généraux et principales méthodes de formation et de sensibilisation aux problèmes d’hygiène et de santé liés à l’eau et à l’assainissement

Contenu de l'article

1) De quoi s’agit-il ?

Chaque année plusieurs millions de personnes dont une majorité d’enfants meurent à la suite de maladies liées à une eau insalubre à la source ou contaminée faute d’hygiène. Il est donc indispensable de sensibiliser les populations concernées à ces problèmes. Cette sensibilisation est guidée par un certain nombre de principes généraux exposés dans cette fiche qui sont à l’origine de nombreuses méthodes permettant :
-d’aider les populations concernées à prendre conscience de l’importance des problèmes d’hygiène et de santé relatifs à l’eau et à l’assainissement.
-de les faire participer à l’élaboration des solutions à ces problèmes afin de les responsabiliser et d’en faire des acteurs de leur cheminement vers des conditions d’hygiène satisfaisantes.
-enfin d’éduquer les jeunes générations afin de pérenniser les actions mises en place.

Il existe ainsi de nombreuses méthodes dont voici une liste non-exhaustive :
 
- la méthode PHAST (Participatory Hygiene and Sanitation Transformation, soit participation à la transformation de l’hygiène et de l’assainissement)
- la méthode CHAST (Children Hygiene and Sanitation Transformation, soit participation des enfants à la tla ransformation de l’hygiène et de l’assainissement)
- la méthode SARAR (Self-esteem, associative strength, Resourcefulness, Action planning and Responsablity)
- la méthode MARP (Méthode Accélérée de Recherche Participative)
- la méthode TAP (Technique Avancée de Participation)
- la méthode GRAAP (groupe de recherche et d’action pour l’autopromotion paysanne)
- la méthode ATPC (Assainissement Total Piloté par la Communauté)
- la méthode d’utilisation des guides spécifiques

Ces méthodes présentent un grand nombre de similitudes, si bien qu’en plus des principes généraux qui les guident et que cette fiche explicite, ne seront détaillées que les méthodes PHAST, MARP, et la méthode des guides spécifiques dans les fiches respectives C2, C3 et C4 du même nom.
A noter que la méthode PHAST est issue de la méthode SARAR et que cette dernière fait également l’objet d’une brève description dans la fiche consacrée à la méthode PHAST. De même la méthode CHAST est une adaptation de la méthode PHAST pour les enfants.

2) Qui utilise surtout ce moyen et depuis quand ?


Sensibilisation de la population à Madagascar.Photo Interaide

Ce moyen est surtout utilisé dans les pays en développement. Après y avoir été introduit dans les années 70 sous l’impulsion du PNUD, son utilisation s’est généralisée jusqu’à aujourd’hui grâce au soutien des gouvernements, de nombreuses ONG et de l’UNICEF.

3) Pourquoi ?

Le seul accès à l’eau ne peut garantir que celle-ci pourra être consommée sans danger si un minimum de précautions d’hygiène ne sont pas prises, également en matière d’assainissement. Or, la mise en place de programmes permettant de faciliter l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement dans de bonnes conditions ne peut se faire sans le soutien actif des populations concernées. Il est donc nécessaire d’éveiller, d’éduquer et de responsabiliser les populations concernées aux enjeux relatifs à une gestion saine et durable des problèmes d’hygiène et de santé relatifs à l’eau. Par exemple l’eau peut être contaminée lors de son transport d’un puits au domicile (à cause de seaux mal lavés, des insectes, de la chaleur, etc…) et devenir vecteur de maladies telles les diarrhées aigües qui sont responsables chaque année à elles seules d’1,8 millions de morts.


Panneaux de sensibilisation aux moyens simples de traiter l’eau à domicile. Source : WASH et PSEau

4) Qui est surtout concerné ? Lieux ou contextes dans lesquels ce moyen parait le mieux adapté

En premier lieu toutes les populations qui n’ont pas un accès satisfaisant à l’eau et à l’assainissement, sans exclure pour autant ceux qui l’ont déjà.
 A l’origine ces programmes ont été créés pour aider des groupes communautaires (villages ruraux, petites villes, …) car il est plus facile d’impliquer un nombre de personnes limitées et qu’en tant que membres d’un même groupe ou communauté ils partagent les mêmes conditions de vie. Cependant des campagnes de sensibilisation et d’éducation peuvent également être mises en place à de plus grandes échelles, comme c’est le cas au niveau de l’Etat du Mali par exemple.

5) En quoi consiste ce procédé ? Comment est-il mis en oeuvre ?

Avec le temps et l’expérience, il s’est dégagé quelques méthodes qui ont chacune fait leur preuve dans certaines situations données. Cette fiche aborde les principes généraux communs à ces méthodes et les fiches référencées C2, C3 et C4 traitent de trois méthodes parmi les plus pertinentes et expliquent leurs mises en œuvre, leurs avantages et leurs inconvénients. Mais le lecteur devra garder à l’esprit que d’autres méthodes peuvent exister ou être crées et qu’il n’existe pas de méthode universelle : il devra sans cesse chercher à adapter ou à s’inspirer de ces méthodes plus que tenter de les appliquer telles-quelles pour apporter une réponse satisfaisante à chaque situation, forcément unique.
Voici les nombreux points communs que comportent ces méthodes dans leurs grandes lignes directrices :

- une campagne d’information et de communication est une condition préalable à la mise en œuvre de tout projet d’AEPHA (projets d’Alimentation en Eau Potable, d’Hygiène et d’Assainissement). Il faut bien être conscient en effet que les populations locales sont rarement favorables à un changement dans leurs pratiques qui leur semble venir de l’extérieur. De plus elles peuvent ne pas en percevoir initialement l’intérêt. Il est donc nécessaire de déployer beaucoup d’efforts de discussion, de concertation, de dialogue, donc beaucoup de patience et de persévérance pour tenir des réunions avec toutes les composantes de la population (notables, jeunes, femmes, etc.) et les amener progressivement à modifier leurs attitudes vis-à-vis du projet.

- cette campagne de communication, qui outre les réunions peut nécessiter la pratique du porte à porte ou celle du théâtre de rue, doit permettre aux populations de bien cibler leurs problèmes, de les identifier clairement.

Il importe enfin que les étapes suivantes soient réalisées par les populations elles-mêmes, en général avec l’aide d’une équipe « d’animateurs » formés si possible parmi les membres de la communauté. Le rôle de ces animateurs est d’assurer un dialogue et de proposer des activités et des animations qui assurent que chaque membre de la communauté se sente concerné et surtout se sente acteur des décisions prises.

Une fois que l’équipe d’animateurs a réussi à insuffler une émulation collective, synonyme d’un engagement citoyen dans l’intérêt de la communauté, les étapes restantes sont :

- la planification des différentes phases d’un projet permettant de résoudre les problèmes identifiés à l’étape initiale.
- la réalisation de ces étapes.
- le suivi et l’évaluation des pratiques mises en œuvre en vue de les améliorer te de les pérenniser.

6) Difficultés particulières et remèdes - Précautions éventuelles à prendre


Panneaux de sensibilisation aux problèmes de propreté
à domicile. Source : WASH et PSEau

Le processus d’implémentation d’un projet d’AEPHA est une œuvre de longue haleine. Il s’agit de mobiliser, de sensibiliser, de négocier et de convaincre toutes les différentes composantes de la population afin de requérir l’adhésion de tous pour un changement bien compris et souhaité de comportements et pour l’amélioration de leur cadre et conditions de vie.
Il est donc fondamental de bien effectuer la première étape où les populations identifient elles-mêmes, avec l’aide non-directive d’animateurs, leurs propres problèmes afin qu’elles s’approprient le projet. A ce titre, il est évident qu’il faut se garder de tout ethnocentrisme. 

Il est d’ailleurs préférable lorsque cela s’avère possible et que la population concernée est nombreuse ou répartie sur plusieurs villages ou quartiers, de faire effectuer préalablement une enquête de terrain par des animateurs ou enquêteurs spécialisés, ayant par exemple des connaissances en ethnosociologie (science relative aux comportements sociaux d’ethnies ou de groupements de familles) afin d’être à même de déceler et de comprendre plus rapidement les problèmes sociaux et comportementaux des populations concernées.

7) Principaux avantages et inconvénients


Affiche de sensibilisation aux problèmes du choléra.
Source : UNICEF et ACF

Les avantages et inconvénients propres à chaque méthode sont développés dans les fiches correspondantes.
En ce qui concerne l’ensemble des méthodes on peut relever les points suivants

a) Avantages

1.La mise en place des programmes de sensibilisation et d’éducation aux problèmes d’hygiène et de santé relatifs à l’eau et à l’assainissement se révèle être un investissement judicieux à court, moyen et long terme en faveur de l’économie, de l’éducation et de la santé.
2. le projet envisagé, nécessitant l’implication des populations, a de grandes chances d’être plus facilement accepté, n’ayant pas d’effet d’assistanat.
3.De telles campagnes permettent en général une sensibilisation des populations à l’ensemble des problèmes d’hygiène et de santé : eau, assainissement hygiène générale. et santé.

b) Inconvénients

1. Les différentes méthodes supposent que les populations soient à même d’identifier leurs problèmes, ce qui n’est pas toujours le cas, d’où l’importance et la nécessité de la présence d’animateurs formés et capables d’apporter un point de vue extérieur ou bien de faire sauter certains tabous.
2. Elles nécessitent beaucoup de temps d’implication et de patience.

8) Coût

Le coût d’une campagne de sensibilisation d’un an est évalué à quelques milliers d’Euros (5000 à 6000) pour 10 000 habitants. Par exemple les femmes employées par l’association EAST pour la réalisation d’un grand projet d’assainissement en Afrique étaient rémunérées à temps partiel pour huit jours de travail par mois (elles récurraient les canaux des eaux usées et faisaient également office d’informatrices).
EAST estimait qu’il fallait faire appel à un nombre suffisant de personnes, en l(occurrence un peu moins de 100 personnes pour une ville de 10 000 habitants.

Bien sûr ce coût peut varier fortement (si l’on souhaite en plus mettre en place une campagne dans les écoles par exemple) mais on peut retenir l’ordre de grandeur de 1€ pour deux habitants. Ce coût peut devenir plus supportable si l’on obtient des subventions ou si l’on peut retirer des revenus des mesures mises en place. Ainsi le salaire des femmes rémunérées par EAST provient pour partie des revenus issus des latrines publiques installées par l’association dans le cadre du projet concerné.

Il est également important de bien faire attention dans l’élaboration des budgets aux taux d’inflations qui peuvent être très élevés dans les pays en développement.

9) Observations, recommandations et suggestions éventuelles

L’approche des questions touchant à l’hygiène diffère d’une région à l’autre, il faut donc essayer de prendre en compte les particularismes locaux pour définir la méthode la plus pertinente possible. L’animateur devra par ailleurs veiller à s’aider d’outils de communication adéquats (tableaux éducatifs, schémas, supports audio ou vidéo) pour faciliter le débat au sein de la communauté.

Ces méthodes ne sont bien évidemment pas des recettes miracles et elles ne sont bien souvent que des outils participant d’une approche plus globale. Il est notamment essentiel avant de commencer un projet de faire effectuer trois enquêtes par des spécialistes :
- Une enquête sur la situation existante : sanitaire, technique, économique (exiger ensuite une participation à la mesure des moyens) et politique (connaître les forces en présence au niveau local, notamment à la mairie).
- Une enquête sur les connaissances de la population, sur son niveau d’éducation.
- Une enquête de type ethnosociologique sur les pratiques, les habitudes et les comportements de la population.


Panneaux de sensibilisation utilisés par Caritas RDC au Kivu. Photo Caritas

Il faut savoir montrer ses réussites et Inviter les personnes influentes à découvrir les lieux où les projets menés ont abouti à une amélioration des conditions de vie.
Pour être efficace la durée de la période de sensibilisation doit être d’au moins un an, même si les méthodes proprement dites peuvent durer bien moins longtemps. Il faut donc former des personnes qui continueront à sensibiliser leurs concitoyens une fois.

Il est important de veiller à impliquer la population marginalisée, défavorisée économiquement et en particulier les femmes, souvent exclues des processus de prise de décision. L’autre population prioritaire est bien sûr celle des écoliers auxquels il est nécessaire de consacrer au moins quatre séances par an. Il est recommandé d’essayer en accord avec les instituteurs d’inclure dans le programme des livrets d’éducation sanitaire qui donneront lieu à des interrogations adaptées au niveau des élèves.

Deux points sont fondamentaux pour permettre la réussite des projets. D’une part le comportement des animateurs qui, tout en étant présents, placent la communauté au centre de l’action et des discussions (l’animateur est un facilitateur éclairé). D’autre part, l’élaboration de kits d’outils tenant compte des caractéristiques culturels des communautés et mis à jour et rendu vivant par les animateurs.

10) Exemple de bonne pratique


Photo AMREF

L’AMREF (African Medical and Research Foundation) Afrique du Sud a mis en place en 2003 un projet pilote d’un an, appelé PHASE (Personal Hygiene And Sanitation Education i.e. formation à l’hygiène personnelle et à la santé), en collaboration avec le Département National de Santé. Ce projet visait l’amélioration de la santé de plusieurs communautés scolaires dans des écoles d’Eastern Cape et du Kwa Zulu Natal, à travers des mesures d’hygiène et de santé. Le projet a utilisé différentes méthodes participatives pour améliorer durablement la santé des communautés scolaires. En 2006, l’AMREF a décidé d’étendre ce programme à d’autres écoles.

Remarqué pour le succès de ce projet, le Département de la Santé du district de Sakhisizwe a reçu le Premier Prix de la Gouvernance Régionale.

11) Où s’adresser pour trouver davantage d’informations ?

a) Sites Internet


Animation PHAST à Mwambo au Malawi. Photo Inter Aide

Liens vers des sites français :
- Académie de l’eau et Croix rouge française : Guide intéressant de 32 pages sur « les méthodes de sensibilisation, d’information etd’ éducation des publics aux problèmes de l’eau », disponible en cliquant sur : 
http://www.academie-eau.org/admin/f...
- Enda tiers monde. Document intéressant et illustré de 12 pages résumant les principales caractéristiques de 8 méthodes de sensibilisation en mode de gestion participative ou communautaire
http://www.sadieau.org/opencms/open...
- FAO : document de 4 pages expliquant la méthode MARP :
http://www.fao.org/participation/fr...
- PSEAU . Document donnant un exemple d’utilisation de la méthode SARAR avec ESF et le CREPA : dans les villages de Yona, Bana et Ouana (Burkina Faso) dans le cadre du projet « La santé par l’éducation à l’hygiène et à l’utilisation de l’eau »
http://www.pseau.org/outils/actions...
- AMREF, Documents divers relatifs à ses programmes de prévention des maladies et d’utilisation de la méthode PHAST en Afrique du Sud ou en milieu, scolaire :
http://www.amref.fr/programme/defi-...
http://www.keewu.com/IMG/pdf/Projet...
http://www.youphil.com/fr/article/0...
- INTERAIDE : Adaptation de la méthode PHAST au Malawi :
http://www.interaide.org/pratiques/sites/default/files/216_phast_malawi.pdf ; ou : http://interaide.org/pratiques/site...
- Manuel de 80 pages sur les méthodes de réalisation de projet et de sensibilisation à l’assainissement en milieu communautaire « l’Assainissement Total Piloté par la Communauté » par Kamal Kar et Robert Chambers http://www.communityledtotalsanitat...
- OMS (Organisation mondiale de la Santé), PNUD et Banque Mondiale
Livre illustré de 56 pages expliquant la méthode PHAST « L’Initiative ’PHAST’ - Participation à la transformation de l’hygiène et de l’assainissement - Une nouvelle méthode de travail avec les communautés. »
 http://www.bvsde.paho.org/bvsacd/wh...
 - CINAM (Cie d’études industrielles et d’aménagement-Montpellier) : livret de formation de formateurs « Le point d’eau au village ». Une bande dessinée et plusieurs fiches – 1.8 à1.16 – expliquent quels sont les problèmes de santé liés à une eu non potable et quelques moyens d’y remédier.. Disponible (en ligne) sur : http://www.pseau.org/outils/ouvrage...

Liens vers des sites anglais :
UNICEF/IRC Developing ; A Manual on School Sanitation and Hygiene materials and methods
http://www.unicef.org/wash/files/Sc...

b) Bibliographie

UNICEF (mais en en anglais) : Livret sur la Qualité de l’eau et la promotion de l’HYGIENE ( voir notamment les pages 76 à 84)


Contributions à cette fiche

premier forum
Soutenir par un don